8 juin 2009
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L'histoire de l'angélus, c'est donc d'abord et avant tout le moment où l'ange Gabriel annonce à Marie qu'elle sera la mère de Dieu, et qu'elle sera et restera éternellement vierge...
Les représentations les plus anciennes de l'Annonciation apparaissent dans les peintures des catacombes de Priscille, et de Saint Pierre-et-Saint-Marcellin à Rome (IV siècle).
L'archange a l'aspect d'un jeune homme et se tient debout devant la Vierge qui est assise (catacombes de la Via Latina). Très vite, l'archange Gabriel est muni d'un bâton de messager, et pourvu d'ailes, à l'instar des Victoires et des Génies antiques. Dans la basilique Sainte-Marie-Majeure à Rome, la mosaïque de l'Annonciation (v. s 435) est enrichie de la présence d'anges ailes et nimbes, groupes autour du trône de la Vierge Theotokos, vêtue comme une impératrice. La Vierge tisse la pourpre destinée au voile du Temple, conformément au récit du Protevangile de Jacques (11, 1). La présence de la colombe du Saint-Esprit souligne la valeur eschatologique de la scène. L'archange plane au-dessus du groupe, à la manière d'un Génie. Dés la seconde moitie du VI siècle, un ivoire (Milan, trésor du Dame) apporte une nouveauté appelée à un grand avenir. L’archange vient de la gauche, tandis que Marie apparaît sous forme d'une femme qui va puiser l'eau dans une cruche.
« La Bible et les Saints », Duchet-Suchaux, Pastoureau,
Ci-dessus l'une des plus anciennes version que j'ai pu trouver, qui date de 1300, auteur inconnu.
L'ange commande fermement à Marie, le livre est refermé, le vase rempli de fleurs de lys est au centre, bien en évidence, le verbe se déroule à partir du sexe et Marie fait un petit signe de la main. (OK ? Hello ! Non merci ?)
"L’ange entra et dit : " Je te salue, comblée de grâce ! Le Seigneur est avec toi. " A ces paroles, elle fut toute troublée: elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange dit alors : " Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas être enceinte, et tu enfanteras un fils auquel tu donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très Haut."

Une version de Simone Martini en 1333. Au milieu de l'Art gothique (1200-1430). Ci-dessus et ci-dessous.
L'ange à gauche a un dur regard et Marie à droite semble plutôt apeurée ou pas contente. En bas au centre, toujours bien en évidence, le vase et les fleurs de lys et à noter le livre légérement entr'ouvert...


Fra Angelico en 1433 et 1435, un siècle plus tard, au début de la Renaissance (1400-1500). Ci-dessous 2 fois.

L'ange de plus en plus autoritaire et Marie en pleine acceptation, les bras refermés sur sa poitrine, le livre grand ouvert posé sur ses genoux. Le vase a disparu. La colombe fait son apparition et à l'extrème gauche à noter la présence d'Adam et Eve dans la nuit, chassés du paradis.

2 ans plus tard, Fra Angelico ci-dessus représente cette fois un ange beaucoup plus humble et respectueux, la colombe envoyée par Dieu dans un rayon de lumière traverse l'ensemble. Adam et Eve sont toujours chassés du paradis. C'est l'avénement de la nouvelle Eve: Marie. Le passage de l'ancien au nouveau testament.
Rogier Van der Weyden en 1436, dans un riche décor flamand typique de l'époque. Ci-dessous.

L'ange semble en suspension devant la cheminée fermée. Le livre est grand ouvert. Marie semble le bénir. A l'arrière plan, le lit rouge vif est bien rangé et je note la réapparition du vase fleuri, décalé vers la gauche.
Fillipo Lippi en 1460. Le vase reprend le centre et toute son importance... L'ange arrive par la droite mais c'est peut-être une erreur d'impression... ci-dessous

Léonard de Vinci en 1472, avec surtout de la perspective et de la profondeur, le livre ouvert entre l'ange et Marie...

Botticelli en 1489, l'ange a pris la fleur de lys dans sa main et il est à genoux face à Marie qui se tient debout et leurs mains se rejoignent, prêtes à se toucher. La perspective à travers la fenêtre...

Raphael en 1503, la fleur de lys à la main d'un coté et le livre ouvert sur les genoux de l'autre.
De l'espace et de la profondeur. Fin de la Renaissance. Ci-dessous.

Joos Van Cleve en 1525, de l'école dite "Manièriste" (1520 à 1580), avec le vase à droite de Marie posé devant le lit rouge, la bougie fondue au centre dans le petit meuble, le baton fleuronné comme une érection juste au-dessus...

El Greco en 1576, l'ange est à droite sur son petit nuage, de plus en plus manièriste...

Phillippe de Champaigne en 1644, c'est du Baroque (à partir de 1600), qui reste très maniériste, avec le ciel déchiré par la lumière, qui descend du ciel comme un torrent, les petits anges qui ouvrent les nuages et Gabriel arrive à nouveau par la droite...

Nicolas Poussin en 1655. L'ange à droite encore, semble réaliser un tour de magie surnaturel, Marie est en extase, les yeux fermés, les bras écartés, le livre grand ouvert posé au premier plan et la colombe du saint-esprit plane au-dessus d'elle, royal, délirant, surréaliste avant l'heure, baroque. Ci-dessous.

L'angélus de Millet appartient à l'école réaliste et il date de 1858.
Un ange face à Marie.
Chaque fois, un objet symbolique les relie l'un à l'autre: Le vase rempli de fleurs de lys, le livre plus ou moins ouvert, le rayon lumineux qui descend du ciel, la colombe du Saint-Esprit, la bougie éteinte, la parole dans un souffle ou sur un ruban...
Les représentations les plus anciennes de l'Annonciation apparaissent dans les peintures des catacombes de Priscille, et de Saint Pierre-et-Saint-Marcellin à Rome (IV siècle).

« La Bible et les Saints », Duchet-Suchaux, Pastoureau,
Ci-dessus l'une des plus anciennes version que j'ai pu trouver, qui date de 1300, auteur inconnu.
L'ange commande fermement à Marie, le livre est refermé, le vase rempli de fleurs de lys est au centre, bien en évidence, le verbe se déroule à partir du sexe et Marie fait un petit signe de la main. (OK ? Hello ! Non merci ?)
"L’ange entra et dit : " Je te salue, comblée de grâce ! Le Seigneur est avec toi. " A ces paroles, elle fut toute troublée: elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange dit alors : " Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas être enceinte, et tu enfanteras un fils auquel tu donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très Haut."

Une version de Simone Martini en 1333. Au milieu de l'Art gothique (1200-1430). Ci-dessus et ci-dessous.
L'ange à gauche a un dur regard et Marie à droite semble plutôt apeurée ou pas contente. En bas au centre, toujours bien en évidence, le vase et les fleurs de lys et à noter le livre légérement entr'ouvert...


Fra Angelico en 1433 et 1435, un siècle plus tard, au début de la Renaissance (1400-1500). Ci-dessous 2 fois.

L'ange de plus en plus autoritaire et Marie en pleine acceptation, les bras refermés sur sa poitrine, le livre grand ouvert posé sur ses genoux. Le vase a disparu. La colombe fait son apparition et à l'extrème gauche à noter la présence d'Adam et Eve dans la nuit, chassés du paradis.

2 ans plus tard, Fra Angelico ci-dessus représente cette fois un ange beaucoup plus humble et respectueux, la colombe envoyée par Dieu dans un rayon de lumière traverse l'ensemble. Adam et Eve sont toujours chassés du paradis. C'est l'avénement de la nouvelle Eve: Marie. Le passage de l'ancien au nouveau testament.
Rogier Van der Weyden en 1436, dans un riche décor flamand typique de l'époque. Ci-dessous.

L'ange semble en suspension devant la cheminée fermée. Le livre est grand ouvert. Marie semble le bénir. A l'arrière plan, le lit rouge vif est bien rangé et je note la réapparition du vase fleuri, décalé vers la gauche.
Fillipo Lippi en 1460. Le vase reprend le centre et toute son importance... L'ange arrive par la droite mais c'est peut-être une erreur d'impression... ci-dessous

Léonard de Vinci en 1472, avec surtout de la perspective et de la profondeur, le livre ouvert entre l'ange et Marie...

Botticelli en 1489, l'ange a pris la fleur de lys dans sa main et il est à genoux face à Marie qui se tient debout et leurs mains se rejoignent, prêtes à se toucher. La perspective à travers la fenêtre...

Raphael en 1503, la fleur de lys à la main d'un coté et le livre ouvert sur les genoux de l'autre.
De l'espace et de la profondeur. Fin de la Renaissance. Ci-dessous.

Joos Van Cleve en 1525, de l'école dite "Manièriste" (1520 à 1580), avec le vase à droite de Marie posé devant le lit rouge, la bougie fondue au centre dans le petit meuble, le baton fleuronné comme une érection juste au-dessus...

El Greco en 1576, l'ange est à droite sur son petit nuage, de plus en plus manièriste...

Phillippe de Champaigne en 1644, c'est du Baroque (à partir de 1600), qui reste très maniériste, avec le ciel déchiré par la lumière, qui descend du ciel comme un torrent, les petits anges qui ouvrent les nuages et Gabriel arrive à nouveau par la droite...

Nicolas Poussin en 1655. L'ange à droite encore, semble réaliser un tour de magie surnaturel, Marie est en extase, les yeux fermés, les bras écartés, le livre grand ouvert posé au premier plan et la colombe du saint-esprit plane au-dessus d'elle, royal, délirant, surréaliste avant l'heure, baroque. Ci-dessous.

Viendront ensuite d'autres écoles de peintures:
Le Classicisme (1650-1700), Le Néoclassicisme (1750-1830), Le Romantisme (1770 à 1870),
L'Académisme (à partir de 1850) et bien d'autres encore...
Dante Gabriel Rosseti, en 1850, du mouvement préraphaélite.
L'ange a les pieds en feu, il tient une fleur de lys entre ses mains, Marie est couchée dans son lit,
vaguement inquiète, soumise. C'est une vision assez crue de l'annonciation...
Le Classicisme (1650-1700), Le Néoclassicisme (1750-1830), Le Romantisme (1770 à 1870),
L'Académisme (à partir de 1850) et bien d'autres encore...

L'ange a les pieds en feu, il tient une fleur de lys entre ses mains, Marie est couchée dans son lit,
vaguement inquiète, soumise. C'est une vision assez crue de l'annonciation...
L'angélus de Millet appartient à l'école réaliste et il date de 1858.
Comme pour l'angélus de Millet , l'annonciation présente un couple, le face à face de 2 personnes.
C'est un dialogue, un échange, une rencontre autour de la conception, immaculée, de Jésus.
Un ange face à Marie.
Chaque fois, un objet symbolique les relie l'un à l'autre: Le vase rempli de fleurs de lys, le livre plus ou moins ouvert, le rayon lumineux qui descend du ciel, la colombe du Saint-Esprit, la bougie éteinte, la parole dans un souffle ou sur un ruban...