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10 juin 2009 3 10 /06 /juin /2009 16:02
Tout "converge" vers cette thématique: L'interprétation de Dali, qui est autant sexuelle qu'érotique, la carrière de Millet, qui a débuté dans l'art avec des peintures érotiques, l'Annonciation qui est le moment de la conception de Jésus et la Nativité qui en sera le résultat 9 mois plus tard, et aussi le petit fascicule de Jean Fournée, dans lequel il y a l'image ci-contre:

Extrait du livre d' "Heures d'Anne de Bretagne", qui représente l'ange Gabriel au moment de l'Annonciation, qui date du XV° siècle, et dans lequel l'ange tient son "bâton fleuronné" d'une manière particulièrement équivoque. La connotation érotique et sexuelle m'y semble évidente, son regard vaseux et son petit sourire, la position de ses mains, celle du bâton. Erection! Masturbation? Sublimation... Le moment "où l'ange pénètre dans l'intimité de son intérieur", comme l'a si bien écrit Jean Fournée.

Le fruit de vos entrailles est béni.
Et L'ange s'agenouille
...

"Le légendaire marial et les récits de Miracula, qui connurent une si grande vogue aux XII° et XIII° siècles, prouvent combien était répandue chez les fidèles la récitation de la salutation angélique. On dit que les dévots de la Vierge accompagnaient même chaque Ave d'une génuflexion, ce qui pourrait fort bien être en rapport avec l'évolution iconographiquie du thème de l'Annonciation. A l'époque romane, l'ange et Marie sont debouts l'un devant l'autre. Au XIII° siècle, l'ange s'agenouille devant elle."

A ce moment là, le mot "s'agenouille" est coupé en 2 dans l'édition française de "L'histoire de l'angélus", "s'age" en fin de ligne à droite, puis "nouille" sur la ligne du dessous à gauche. Ce qui m'a fatalement évoqué un jeu de mots idiot. Les anges n'ont pas de sexe mais il semblerait que Gabriel, qui est un archange, soit plutôt un mâle mais la question reste de savoir s'il est impuissant ou pas...

Curieux hasard ou est-ce une volonté de l'inconscient qui ne pense qu'à ça ?

D'après Catherine Millet, qui a écrit et publié sur lui: "Dali et moi" en 2005: "Si la voix et le discours de Salvador Dali se caractérisent par leur lyrisme et leur emphase, en revanche ses écrits frappent par leur crudité radicale. La description des corps et l'évocation de la sexualité sont confondantes de réalisme et souvent touchantes dans leur simplicité. Je ne pouvais pas ne pas y être sensible et cela m'a fourni le point de départ d'une réflexion qui, notamment, lie l'hyperacuité visuelle à l'onanisme."

Dali pris entre Catherine et Jean-François, Millet. C'est une autre coïncidence qui pour moi donne un sens de plus, absurde et paradoxal, à cette recherche qui n'en a pas mais il est à noter néanmoins que c'est un dessin extrait de "la gare de Perpignan" où l'Angélus de Millet est  omniprésent, qui figure sur la couverture. Et peut-être Catherine est-elle une parente de Jean François...


Ci-dessus, l'image qui figure en introduction au fameux livre de Dali "Le mythe tragique de l'Angélus de Millet", qui donne tout de suite et sans ambiguité une certaine idée du sujet. Rédigé en 1933 mais publié en 1963.
"Le manuscrit de ce livre fut perdu au moment de notre départ d'Arcachon, quelques heures avant l'occupation allemande. Retrouvé aujourd'hui après 22 ans , je l'ai relu et j'ai décidé de la publier tel quel, sans y toucher une virgule. Entre-temps, j'avais réuni tout un réseau d'informations accablantes sur "l'érotisme paysan", qui devait aboutir à mon film en cours, "La brouette de chair". On sait que les paysans, dans la rudesse de leurs labeurs, accablés par la fatigue physique, tendent à érotiser, par une sorte de "cybernétique atavique", tous les instruments de travail qui tombent sous leur main, la brouette en constituant le phantasme suprème, aveuglant, à cause de sa structure anthropomorphe et de ses possibilités de fonctionnement symbolique..."

"La gare de Perpignan", c'est selon Dali le centre du monde, un lieu où tout converge, mais surtout l'Angélus de Millet dans tous ses états, en 1965... Ci-dessous.


Et ce dessin (à gauche) qui figure sur la couverture de "Dali et moi" de Catherine Millet est donc un dessin préparatoire pour "La gare de Perpignan", dans lequel la brouette occupe une place importante mais c'est Jésus qui reste au centre, au moment de sa crucifixion, 33 ans après sa naissance.
De sa conception à sa naissance, et jusqu'à sa mort, Jésus reste donc l'élément central de cette histoire. Au nom du père et du fils, en passant par le saint esprit. La trilogie sacrée derrière laquelle Marie n'existe plus autrement que d'y avoir été mise "en sainte".


A droite, également extrait de "L'histoire de l'Angélus" rédigé par Jean Fournée, une autre page d'un livre d'heures, de Geoffroy Tory cette fois, édité par Simon de Collines en 1531. Où l'on voit le petit Jésus, qui n'est pas encore né puisqu'il s'agit là du moment de sa conception, descendre du ciel dans un rayon de lumière, emportant déjà avec lui la croix sur laquelle il devra mourir 33 ans plus tard...

Etonnant raccourci de l'histoire mais qui est autorisé puisque nous sommes là dans le domaine du symbolique et de l'imaginaire, bien loin du réel et du quotidien de la vie des simples paysans dont la journée de travail est rythmée par l'Angélus, les cloches qui sonnent matin, midi et soir et la prière qui se répète de jours en jours.

Ici l'espace-temps est retourné sur lui-même, le début et la fin au même instant magique, la durée évaporée, toute une vie de souffrance oubliée, comme à l'intérieur d'un anneau de Moebius, la boucle y est bouclée.

Et c'est cette pirouette temporelle qui me semble être à l'oeuvre dans l'Angélus de Millet, qui représente au premier abord un simple couple de paysans anonymes mais qui symbolise tout à la fois l'annonciation, la nativité et la mort, dont le propos est donc universel,  du profane au sacré, profondément religieux et définitivement érotique.

"Ainsi veut-on nous rappeler que Marie sera la mère du divin crucifié.Le meilleur commentaire de cette image n'est-elle pas tout simplement le verset de notre crédo: "Et pour notre salut, il descendit du ciel. Par l'esprit saint, il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme." (Jean Fournée).

Et pendant ce temps là, les pauvres paysans, à force de cultiver leur champ, y trouvent une multitude d'enfants dans les choux ci-dessous et par ailleurs un petit peu partout....


Amen.

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