Je le connais depuis 2002, il est arrivé comme remplaçant sur un spectacle avec Jamais 203 à un moment où il était en survoltage intégral du cerveau à mélanger des quantités phénoménales d'alcool à un traitement anti-dépressif de maniaco-dépendant cyclothymique alors très peu de sommeil et c'était beau comme les montagnes russes, le système nerveux directement relié à la parole, un déluge de mots dans des phrases qui ne finissent jamais, un fleuve en ébullition, un volcan en éruption, une logorrhée, une diarrhée verbale comme je ne l'avais jamais vue avant. Un phénomène de la nature, un cas à part, un personnage, une curiosité, une tronche, un style, un ours bipolaire comme il dit de lui-même, Landry Pissot, intermittent du spectacle parmi d'autres, mais surtout garde champêtre d'opérette pour les réceptions en ville et autres fêtes au village...
Quelques jours avec lui dans sa résidence secondaire atelier à quelques kilomètres du Mans fin 2009, la semaine de noël, à le filmer dans différentes situations de son quotidien dans l'idée qu'on a depuis que l'on se connait de faire un spectacle ensemble, avec moi dans le rôle du docteur auteur metteur en scène alors je lui dis qu'il faudrait qu'il s'arrête de parler de temps en temps pour pouvoir travailler un texte l'écrire se relire l'apprendre le jouer le répéter, recommencer et il est toujours d'accord, il peut même m'en parler pendant des heures du fait qu'il faudrait qu'il arrête de parler tout le temps et ça dure comme ça depuis des années.
11 heures d'enregistrement sur K7 mini DV que je découpe en tranches plus ou moins grosses de moins de 10 minutes pour Youtube: Dans l'esprit d'une série soap opéra trash sans queue ni tête et sans début ni fin mais qui peut se voir comme un hommage à Oui Oui qui est mon premier héros de la littérature à qui il arrive toutes sortes d'aventures plus ou moins dérisoires et sans grande importance mais où tout le monde est très gentil, merci.
Donc, avec Landry, du verbe en rafale et au milieu de ce fatras chaotique et poétique quelques perles égarées, des fulgurances étonnantes, des raccourcis saisissants, drôles ou touchants. Des éclairs de lucidité et de clairvoyance, intact, vif, généreux, excessif, orgiaque et tonitruant, tout et son contraire qui passe du coq à l'âne en permanence parce qu'avec lui tout est dans tout et réciproquement, à bas la hiérarchie, tout le monde s'en fout, il est fou (moi aussi) et ça peut faire peur mais il n'est pas méchant du tout, (moi non plus). Tout passe en lui par la parole, la liberté des mots dans les phrases qui sortent de la bouche comme une malédiction ou une bénédiction selon le jour et l'heure, les circonstances et les humeurs.
Une forme de résistance au préformatage culturel officiel insispide et bien pensant du produit bien encadré bien à sa place et qui rassure les responsables, parce que Landry déborde de lui-même naturellement, avec lui ça déborde de partout le plus souvent.
Un point de vue personnel sur la réalité d'un système en fonction de la place qu'on y occupe. En l'occurence, Landry fait depuis des années une partie de ses heures d'intermittent dans un théâtre de la ville du Mans, le municipal qui se trouve sur la grand place en face de la cathédrale mais en fait ça devrait être conjugué au passé parce qu'il a été démoli le théâtre municipal pour être reconstruit tout neuf d'ici quelques années alors en attendant, Landry a perdu sa petite rente de sécurité de technicien du spectacle qui pousse des caisses à roulettes et qui tire sur des guindes et d'autres bricoles bien payées à pas trop stresser avec les horaires garantis par le syndicat qui n'est pas là pour plaisanter avec rien mais surtout pas les horaires et le tarif des heures supplémentaires...
D'avoir perdu ça, ça le perturbe pas mal, énérvé de ne plus en profiter alors ça revient souvent comme un genre de refrain et qui articule tout ce qu'il y a autour. Une mise sous tension rattachée au système nerveux du labyrinthe de sa tête.
Quand c'est Landry qui parle, on a tout de suite le sentiment que ça pourrait ne jamais finir, enfermé dans un tunnel dans lequel ça glisse sans heurts ni ponctuation, s'y plonger, nager, au risque de s'y noyer mais revenir sur la plage le sable avec sa petite pelle à se demander à quoi ça sert et sans se prendre le rateau fatal des histoires infernales et toujours des kilomètres de phrases pour ceux qui aiment le jazz expérimental et verbal et aussi la littérature psychotique vaguement psychédélique.
Toujours d'accord avec moi sur tout. C'est dès qu'il faudrait s'arrêtrer de parler que ça coince, la peur du vide, l'angoisse la panique l'abîme les abysses le vertige devant les zones indéterminées des troublants trous noirs le manque et l'absence de repère du père et de la mère mais de l'esprit sain et en bonne santé encore cette année, c'est déjà ça de gagné.
Après c'est l'alcool, un verre et puis un autre, la petite mécanique qui se met en place et on voit bien comment ça lui monte à la tête en spirale toujours plus, encore plus, ça monte, ça monte, ça chauffe, ça brûle et ça peut exploser à tout moment, s'accrocher à n'importe quoi, n'importe qui, un prétexte pour provoquer de la réaction, sénior carte bleue du client qui se prend pour le roi alors qu'on sait bien que la publicité ne raconte que des conneries mais Landry préfère y croire et avec l'alcool qui lui coule dans le sang il est emporté à se laisser aller à l'instinct animal, un fauve et tous les fantasmes primitifs qui vont avec: Tony Montana, Barbe bleue, Zeus qui fait péter les éclairs ou n'importe quel super héros à la con qui pourrait en imposer aux autres. A se la jouer grand seigneur maitre du monde il adore ça mais c'est rien que du bruit pour pas grand chose de toutes façons. De l'énergie pure qui brûle.
Une impression de la pensée qui se déroule à l'infini les émotions les sensations les frustrations les ambitions les sentiments des gens comme des paysages en mouvement dans l'espace-temps du présent du passé des souvenirs et de l'avenir, les désirs et les plaisirs de la vie à se raconter des histoires qui s'empilent et s'entremêlent à tous les étages, pas de point pas de fin comme un cours d'eau qui roule sur les petits cailloux et qui creuse là où c'est mou sur la terre et qui emporte avec lui tous les mystères du ciel.
Amen.
2° série mise en ligne en janvier 2010 (HD en 1280x720 format 16/9°)
01-Landry rencontre Jean Michel Saindoux (Maryvonne)

02-Landry : Tout est spectacle

03-Landry et la charcuterie (d'amour ou d'amitié)

04-Landry et les travaux en cours

05-Landry spécial Beatles et joyeux noël

06-Landry et le bateau ivre (Une vie d'amour)
07-Landry, le livre d'images et les rêveries

08-Landry, les bourgeois et la Ginette

09-Landry, Woodstock et Maryvonne

10-Landry et le triporteur (siffler dans le vent)

11-Landry, Trust et Paulo Anarkao

12-Landry, Help et Johnny

13-Landry hors du temps

14-Landry fume un joint (c'est extra)

15-Landry, l'angélus et la conscience ultime

16-Landry et le début du spectacle

17-Landry et le bilan des opérations (Léo Ferré)

18-Landry et les listes

19-Landry et la procrastination

20-Landry et la psychanalyse

21-Landry et c'est la fin

1° série en format DV 720x576
Un premier jet pour voir comment ça marche sur Youtube, la compression et les temps de chargement. Du brut en vrac où Landry parle surtout de ses problèmes avec le théâtre et l'orthographe, mais de bien d'autres choses en même temps qu'il rencontre dans la bande son Jean Michel Saindoux qui chante les Beatles en français, un autre projet enregistré début décembre à Apt.
Landry, la ficelle, le scotch et l'orthographe
Landry façon strip tease

Landry et les piles usagées et l'orthographe
Landry et la cuisine salle de bain toilettes
Landry et la communication

Landry et le bricolage

Landry et les fautes d'orthographe
Landry et le fil à linge
Landry et le cable électrique

Landry et le grand nettoyage
Landry et les tournevis
Landry et la nourriture

Landry et le feu de bois

Et d'autres encore à venir peut-être, dans l'idée d'une parole qui coule comme un cours d'eau, petit ruisseau, rivière, fleuve, torrent, indéfiniment. Pour ceux qui aiment le Jazz et les kilomètres de phrases.